Peut-on résumer votre spectacle ?

Orchestrés pour quatre voix, trois guitares, deux dés à coudre et une batterie - sans omettre l'indispensable planche à lessiver - les contes blaireautiques mettent en scène les déboires sexuels d'un macho, la vie de grand reporter, Lille... ou encore les aventures de quatre blaireaux lâchés au pays des chèvres!

Avec un nom pareil, vous comptez aller loin ?

Au Lycée, nous étions quatre gaffeurs. Nous nous sommes reconnus à l'odeur. La chanson est venue après... Jusqu'où nous a-t-elle conduit ? À un troisième album, ce qui n'est déjà pas si mal !

A quoi reconnaît-on votre patte ?

Notre spectacle n'est pas une machine qui tourne en dépit du public. Chaque fois nous guettons ce qui peut nous dévier du scénario prévu. Les concerts dont nous gardons le meilleur souvenir sont ceux où un fou-rire nous a empêché de jouer, ne serait-ce qu'une minute!

Vous reconnaissez-vous une filiation ?

Parmi nos références : Brel et les VRP. Higelin reste pour nous le modèle de l'artiste de scène, car chacun de ses concerts est unique. Par l'esprit nous venons donc directement de la chanson. Mais par le corps nous sommes issus du rock, comme en témoigne notre formation de base (guitares, basse, batterie).

Voir la présentation du groupe

Leur dernier album, sorti le 20 août, est entré dans le Top 150. Les Blaireaux lillois font leur trou. Quatre garçons dans le vent originaires d'une région ouvrière, ça ne vous rappelle rien ? Stan, le batteur, a fait des études de médecine ; Julien à la basse, était prof d'allemand, François à la guitare et au piano, possède une maîtrise de philosophie, quant au chanteur Alexandre, était journaliste. La voie de chacun semblait toute tracée, mais il y avait " Les Blaireaux " et la passion dévorante de la musique…

Vous vous connaissez depuis combien de temps ?

Officieusement, le groupe a dix ans. On s'est connu au lycée Fénelon, à Lille. Chaque année, on organisait un concert pour la fête de la musique. Parfois il nous arrivait d'animer des soirées chez des potes. Et puis, on a commencé à composer nous-mêmes quelques chansons. Mais à l'époque, les études passaient avant !

Pourquoi Les Blaireaux ?

On s'interpellait comme ça entre nous. C'était notre côté " loser ", en réaction à d'autres bandes qui se prenaient au sérieux, genre " Cercle des poètes disparus ". Nous on se situait plutôt dans l'esprit potache avec une bonne dose d'autodérision.

A quel moment avez-vous commencé à y croire sérieusement ?

En 1999, on a enregistré un concert au Biplan. Surprise, les 500 exemplaires que nous avions mis en dépôt-vente à la Fnac de Lille se sont bien vendus. Dans la foulée, on a gagné une semaine d'enregistrement en studio lors du concours Frog'n'Roll, orgnaisé par l'Abattoir à Lillers. Ça nous a permis de sortir un deuxième album. Un distributeur indépendant nous a alors contacté pour une diffusion nationale. Un peu malgré nous, on s'est retrouvé dans un engrenage bien agréable. C'est à partir de là qu'on a commencé à y croire. Les dates de concerts se sont multipliées : une cinquantaine par an dans toute la France.

Un succès difficile à concilier avec les études ?

Sans le système des intermittents du spectacle, on n'aurait pas fait le choix de devenir musiciens. Avec l'ingénieur du son et le manager, nous sommes six à avoir abandonné un " vrai métier " pour devenir saltimbanques. C'est l'an dernier seulement que l'on a décidé de prendre en main le destin des Blaireaux et d'enregistrer " Le Sens du Poil ", le premier album qu'on réalise dans des conditions réellement professionnelles.

Vous enclenchez la vitesse supérieure ?

Tout à fait. C'est un pari ambitieux car la production du " Sens du Poil " nous a coûté beaucoup d'argent, mais si ça marche, on gagne en crédibilité.

Qu'est ce qui énerve un " blaireau " ?

Le fait que la musique se réduise à un simple moyen de gagner de l'argent. Il est normal que les gens puissent vivre leur talent. Mais quand on lance un chanteur comme on lance n'importe quel produit avec étude de marché à la clef, ça n'est plus la même démarche. Le point de départ n'est pas de créer ou d'inventer quelque chose, mais de se faire du fric. C'est désolant !

" Blaireau ? Un vrai métier ! "
(Extrait de l'interview réalisée par Gilles Durand pour Fémina Hebdo en octobre 2003)

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